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Contes de faits
20 mai 2009

mea culpa

J'ai écrit l'autre jour "j'aime mes élèves"... Je voudrais corriger ça. J'aime mes élèves de mon établissement principal. J'aime plus ou moins (ça dépend des moments, ça dépend des élèves) mes quatrièmes de mon autre établissement. Je hais la plupart des troisièmes de ce même établissement.

Ils n'ont jamais été très sages. Jamais été très réceptifs. Mais là...

La prof d'espagnol a dû s'absenter 5 semaines. Elle a été remplacée. Par une jeune prof, à peu près de mon âge. C'était le souk dans sa classe. Pire que dans la mienne. Les objets volaient, les devoirs n'étaient pas faits, les élèves étaient insolents, bruyants. Apparemment, ils ont même réussi à la faire pleurer.

Les miens ont dû se dire "tiens... on est pas allés jusque là. On a encore de la marge".

Je crois que leur nouveau but est là.

Tout y passe. On ne travaille pas, on répète à qui veut l'entendre (et surtout à moi) que mes cours ne valent rien, que la prof d'avant était mieux, qu'ils ne veulent plus de moi. J'essaye de faire cours, personne ne m'écoute. J'ai des envies de meurtre.

Et comme si ça ne suffisait pas, hier soir, en sortant du collège après deux heures de ce chahut (moins grave en quatrième quand même, où les élèves veulent encore me faire plaisir), je tombe sur deux élèves qui se lancent:

"Hé, viens vite, y a encore une baston!"

J'avoue, ma première réaction a été de faire semblant de n'avoir rien entendu. J'espérais pour passer à côté d'une petite bagarre sans la voir, sans intervenir. Je n'avais pas du tout envie de me mêler de quoi que ce soit. Ce n'était pas mon rôle après tout. Je suis prof. Il y avait bien un surveillant qui allait intervenir. C'est son boulot.

Mais quand j'ai vu l'attroupement qui s'était formé, j'ai compris que je ne pouvais pas ne pas le remarquer. Que si je passais à côté sans rien dire, ça ne ferait que renforcer mon côté "laisse faire". Que dès le lendemain, on entendrait dans toute la cour "ouais, la prof d'allemand, elle s'en foutait, avec elle, on peut faire ce qu'on veut".

Et puis merde... Deux garçons se tapaient dessus. Et bien, je voyais leur têtes par dessus l'attroupement. Il n'y avait aucun surveillant en vue. Je ne pouvais pas les laisser faire. Mon rôle, c'était d'intervenir, même si je n'en avais pas du tout envie.

Je me suis précipitée à l'intérieur du cercle, bousculant les gosses qui ne voulaient pas bouger. En criant des mots très intelligents comme : "Mais ça va pas, non? Arrêtez ça tout de suite"! Je ne m'en souviens plus vraiment. Les deux garçons se sont arrêtés. Se sont lancé des regards de haine. M'ont lancé des regards de haine, pendant que la troupe agglutinée autour d'eux commençait à huer la prof qui avait mis fin à ça.

"Vous allez me suivre, tous les deux! Maintenant!"

Un des garçons m'a suivie. L'autre a disparu. Je ne les connais pas, ne connais pas leur noms. Impossible de le reconnaître si je le recroise. Je dis à l'autre "tu donneras son nom au directeur!" et je pars avec lui.
Tous le long du chemin, la peur qu'il me fausse compagnie. Mais il me suit. Un bon point pour lui. Ça jouera en sa faveur. L'autre aura de gros problèmes.

Au lieu du directeur, je tombe sur la CPE. Tant mieux, c'est son job. Je résume la situation. J'ai le souffle court, je tremble. La CPE me demande si ça va. Non, bien sûr que ça va pas. J'ai dû arrêter une bagarre, je me suis fait huer, et il n'y avait aucun surveillant. "Oui, ça va" je mens. Je ne vais quand même pas admettre une faiblesse de plus face aux élèves.

J'ai peur de repasser devant les élèves pour rejoindre ma voiture. Je change de trottoir. Paranoïaque, j'ai l'impression de les entendre parler de moi. Je reviens en arrière. Je ne suis plus prof. Je suis redevenue l'élève faible, trouillarde, que j'étais dans ce même collège. L'élève qui avait voulu mourir à cause de gens comme ça.

Je n'ai qu'une envie, c'est rentrer chez moi. Je ne comprends pas pourquoi je suis aussi secouée. En fait, je ne comprends pas à quel point je suis secouée avant de me mettre à pleurer au volant de ma voiture, à 500 m de chez moi.

Je ne sais pas. Il ne s'est rien passé. Pourquoi est ce que je réagis comme ça?

Après une grosse crise de larmes, plus tard, devant mon ordi, mon téléphone à côté de moi, ça va mieux.

J'ai rêvé d'élèves cette nuit. Pas de baston. Juste de classes que je n'arrive plus à contrôler. La CPE vient m'aider, mais ça ne sert à rien.

Je ne veux plus de ce travail. J'en ai marre. A chaque heure de cours dans cet établissement, j'ai envie de tout casser. Penser à l'autre établissement. Penser à ces élèves. Pas aux autres. Penser à la fin de l'année. Un mois à tenir. Ne pas craquer.

NE. PAS. CRAQUER.

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Commentaires
H
Bonsoir,<br /> <br /> Avec des amis, nous avons créé un blog qui a pour but d’exposer les œuvres littéraires des internautes. Les participants nous envoient leurs textes (poésies, nouvelles, théâtre...), et les meilleurs sont sélectionnés par notre jury puis publiés sur le blog dans un article qui présente le texte et met un lien vers le blog de l’auteur.<br /> Nous faisons également des critiques de livres, ainsi que des chroniques sur la photo, le ciné…<br /> <br /> En espérant t’y apercevoir bientôt et peut être te voir participer : http://le-hangar.cowblog.fr [si le lien n’est pas cliquable copier/coller dans la barre d’adresses]<br /> <br /> Hazel, du Hangar.
M
Non surtout pas "le coin". Elle risque de perdre encore plus de crédibilité. Et en plus on a le devoir de ne pas humilier les élèves(je sais c' est pénible de s' entendre dire ça mais c' est comme ça).<br /> Sortir un élève accompagné d' un délégué OK et encore, c' est assez mal vu par l' administration en général.<br /> Il reste les colles(mais attention que la punition reste progressive: c'est à dire commencer par prévenir l' élève quitte à juste sortir le billet et lui dire clairement que s' il continu, il est pour lui) et surtout le respect mutuel.<br /> Bien insister sur le fait que toi tu les respectes donc que tu attends en retour,ce qui est normal, que eux te respectent. C' est du donnant donnant.<br /> Et ne pas hésiter à prendre rendez-vous avec quelques parents. C'est assez efficace, quand les parents soutiennent le prof bien évidemment.
L
Ma Ran... quand ma maman a commencer, les filles se vernissaient les ongles ds ses cours; les garcons sortaient pour aller fumé des clopes...Les jeunes d'aujourdhui, ne croient plus a rien et n'ont surtt pas l'autorité parentale avec laquelle nous avons grandi. L'autre jour je suis aller chercher petite Camille 12ans (la plus petite de mes soeurs) a la sortie du college... j'ai limite cru que j'étais a Pigalle... yavait des gamines fagottées comme pour faire de trottoir et ca se plotait ds ts les sens sous les yeux des parents qui disaient "ah cest ca la jeunesse" non bah cest pas ca pour moi... et meme si Camille est sappé techtonik et que ses démos me font rire au moins elles ne me font pas peur... Tu aura tjrs un grand groupe ds ta classe qui nivellera les autres par le bas.Mon autre soeur qui passe le bac cette année est obligé de gueuler sur les autres en cours pour pouvoir entendre, du coup elle sest faite agressé l'autre soir ds le bus, rien de grave mais juste pour te montrer que tt part en couille... Tu n'auras peut etre jamais la classe de tes reves au début mais avec le tps et la patience (il en faut) tu pourras choisir !!!Et n'oublie jamais que TU es la prof et eux les élèves, ils nont pas ts les droits, accroches toi, sois sévère et colles en qq uns pour servir d'exemple... nhésites pas a les sortir quand cest trop de bordel a coup de "ca t'intéresse pas ce que je dis et bien tu sors" accompagné d'un délégué de classe... nhésites pas aussi a les mettre au coin, bien qu'ils soient grands ce genre de punition régréssive risque de plus les atteindre. t'es loin d'etre conne tu as obtenu ce poste, décrocher ce diplome que tant d'autres t'envie. Bats toi tu en vaux la peine. Et nous on est la, on veille, on guette et on t'aime...
C
Bien du courage a toi! Je me prend souvent la tête avec des tites connes qui squatte en bas de chez moi se prenant pour des caid avec leur biere...
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